Casino de RibeauvilléLe 15 mai 2011, deux hommes armés ont réussi à dérober près de 200 000 € dans le casino de Ribeauvillé suite à un casse mémorable. Après une enquête rondement menée par la gendarmerie nationale, l’un des braqueurs présumés, ainsi que quatre complices comparaissent devant la cour d’assises de Colmar depuis le vendredi 3 octobre dernier.

Entre janvier 2010 et mai 2011, la France a connu une véritable recrudescence de l’insécurité dans le milieu des casinos terrestres. Une impressionnante série de braquages avait en effet défrayé la chronique. Cependant, si jusque-là, ces casses avaient été l’œuvre de bandes plutôt lourdement armées, ce sont deux braqueurs plutôt légèrement outillés qui ont réussi, ce 15 mai 2011, le casse de casino français le plus lucratif de toute l’année. Armés « juste » d’une hachette et d’un pistolet, les deux hommes ont en effet réussi à repartir avec un impressionnant butin de plus de 196 000 euros après avoir tenu en respect et séquestré six employés de l’établissement.

Au terme de 10 mois d’investigation, la gendarmerie avait finalement interpellé huit personnes. Parmi celles-ci figurent l’un des braqueurs présumés ainsi que quatre autres personnes arrêtées pour leur implication présumée à divers niveaux dans cette affaire rocambolesque. Ce sont ces cinq personnes qui ont aujourd’hui été présentées devant la cour de Colmar. Le second braqueur s’étant enfui en Algérie, il est lui aussi jugé par défaut.

Retour sur les faits

Il est 6 h 22, ce 15 mai 2011, lorsque deux individus portant une cagoule et un casque de moto pointent leur pistolet sur la nuque d’une employée du casino Ribeauvillé qui vient de garer sa voiture sur un parking proche du centre équestre. Visiblement stationnés à cet endroit, dans un fourgon depuis 5 h du matin, ils tiennent ladite employée en respect et se font conduire jusqu’au coffre-fort de l’établissement. Sur place, ils ligotent et bâillonnent trois employés qui s’y trouvent ainsi que deux femmes de ménage venues plus tard. Après avoir intimé l’ordre à un cadre membre du Comité de direction de l’établissement de leur expliquer la procédure spéciale d’ouverture du coffre, ils l’obligent, toujours pistolet au poing, à ouvrir les caisses contenant les recettes des machines à sous. Au total, ils emporteront ce soir-là, la bagatelle de 196 814 €, dont 58 000 provenant du coffre et 139 000 des caisses de machines à sous. Sans faire usage de violence physique à l’endroit des employés séquestrés, ils repartiront ensuite dans leur fourgon à 7 h 13. Toutefois, un détail majeur permettra de mettre la main sur les braqueurs.

L’enquête et l’arrestation

Sans aucune piste pendant longtemps et ne disposant pas de traces ADN suffisantes pour identifier des suspects, la gendarmerie retrouvera finalement la trace des braqueurs grâce aux bandes vidéo tournées par les caméras de la commune aux abords du casino. Celles-ci permettront en effet de révéler la présence d’un fourgon de location ne possédant qu’un seul enjoliveur de roue. En suivant cette piste, les enquêteurs vont remonter jusqu’à un jeune Strasbourgeois, puis à son complice colmarien. Ce dernier, interpellé, finira par reconnaitre les faits. Il est aujourd’hui jugé avec deux de ses sœurs employées au casino à l’époque des faits et accusées respectivement de complicité et recel, et de recel et blanchiment. Quant au jeune Strasbourgeois âgé de 29 ans à l’époque des faits, il a vraisemblablement pris la fuite. La police a toutefois interpellé son frère ainsi que l’une de ses amies qui sont également accusés de recel.

Durant les jours à suivre, la cour d’assises de Colmar qui est présidée par Laurence Glesser se donnera donc pour mission de voir plus clair dans les implications et responsabilités de chacun des accusés avant de rendre son verdict. Un verdict attendu mercredi prochain, qui pourrait bien se solder par des peines pouvant aller jusqu’à 20 ans de réclusion pour le jeune Colmarien et ses sœurs, et jusqu’à la perpétuité pour les deux autres, qui sont récidivistes. Précisons par ailleurs que, des 200 000 € volés, seuls 10 000 € ont été restitués par la sœur aînée du braqueur arrêté.