Trump interdit des jeux en ligne aux Etats-UnisAlors que tout semblait indiquer une évolution progressive du cadre législatif en faveur d’une légalisation prochaine des jeux d’argent en ligne aux Etats-Unis, l’administration Trump vient de publier un décret qui va totalement à l’opposé et pourrait marquer le début d’une nouvelle ère de prohibition dans tout le pays.

Derrière cette volte-face, beaucoup voient la main invisible des propriétaires de casinos traditionnels, et plus particulièrement de Sheldon Adelson, l’un des plus gros soutiens clairement affichés de Donald Trump.

Une nouvelle grosse barrière

Entre les Etats-Unis et l’industrie des jeux en ligne, c’est une histoire d’amour ingrate qui dure depuis deux décennies et qui connaît de nombreux rebondissements.

Certains en feraient d’ailleurs volontiers, une novela, dont le dernier épisode en date serait plutôt triste ; pour les amateurs de jeux d’argent en ligne américains, en tout cas. En effet, à la mi-janvier, le ministère de la Justice américain a en effet choisi de dresser un nouvel obstacle de taille devant tous les partisans d’une légalisation globale de cette industrie dans tout le pays.

Remettant en avant la loi visant à lutter contre le crime organisé qui remonte aux années 1960, l’administration Trump s’oppose, à travers un décret du département de la Justice, à toute forme de pari en ligne.

Si cette nouvelle disposition venait à être appliquée strictement, elle pourrait remettre totalement en cause les évolutions connues dans certains des Etats du pays au cours de ces dernières années. Les plateformes de casinos en ligne, de poker, loteries et paris sportifs qui y ont été créées récemment pourraient ainsi être contraintes à fermer.

>>> Lire également : « Etats-Unis: la position des Etats varie sur la question des jeux en ligne« 

Au-delà des juridictions internes

Depuis l’interprétation de la loi contre le crime organisé, qui a eu lieu sous l’administration Obama en 2011, tout semblait bien parti pour un assouplissement des dispositions légales contre les jeux d’argent en ligne. Plusieurs Etats se sont ainsi particulièrement impliqués, les autorisant de facto dans leurs juridictions respectives. C’est le cas notamment du Nevada et du New Jersey, mais aussi de la Pennsylvanie et du Delaware.

Dans ces différents Etats, différentes formes de jeux en ligne, dont des casinos virtuels ont fait leur apparition au cours des dernières années. Mais si le nouveau décret devait être appliqué à la lettre, il pourrait conduire à une fermeture pure et simple de ces plateformes, en vertu du Wire Act.

Il s’agit d’une loi sur les communications datant de 1961 qui interdit l’usage des télécommunications à des fins commerciales pour les jeux d’argent. Selon le ministre adjoint de la justice, toutes ces nouvelles plateformes devraient disposer d’un délai de 90 jours pour se remettre en conformité avec la loi ; ce qui sous-entend une cessation de leurs activités.

Le puissant lobbying d’Adelson et de ses pairs

Pour beaucoup d’observateurs, ce retournement trouverait principalement son origine dans le puissant lobbying exercé par les propriétaires de casinos terrestres américains. En effet, si quelques-uns d’entre eux ont fini par céder à l’appel du jeu en ligne, une grande partie des cadors de l’industrie américaine des jeux de casino y restent farouchement opposés.

Au nombre de ces derniers, il y a Sheldon Adelson, PDG de Las Vegas Sands, numéro 1 mondial du secteur. Ferme soutien de la «Coalition pour stopper les paris sur internet», mais aussi de Donald Trump, ce milliardaire pourrait avoir pesé très lourd dans la nouvelle orientation du ministère de la Justice.

Après avoir financé à coups de millions de dollars, la campagne de l’actuel Président américain, il avait également fait un important don à la fondation de Donald Trump en avril 2017. A l’époque, beaucoup avaient alors perçu le geste comme un moyen pour le magnat des casinos de faire pression pour une nouvelle interprétation des textes en rapport avec les casinos en ligne. Et on peut dire aujourd’hui qu’ils ne s’étaient pas trompés…