Foxwoods Casino: pas de gains au baccarat pour Phil IveyC’est l’histoire d’une partie de baccara qui tourne au vinaigre et à l’issue de laquelle la justice est saisie. La plainte en question émane d’une joueuse du nom de Cheng Yin Sun alias « Queen of Sorts » (grosse pointure du jeu et acolyte de Phil Ivey) et elle est formulée contre le Foxwood Casino Resort. Mais contre toute attente, alors que les joueurs étaient persuadés d’avoir dupé le casino, c’est plutôt ce dernier qui s’en est mis plein les poches. Retour sur une histoire hors du commun où le plus rusé n’est pas forcément celui qu’on croit.

Tel est pris, qui croyait prendre

L’histoire se déroule en décembre 2011, c’est-à-dire environ quatre mois avant la première session de baccara de Phil Ivey et sa complice au Borgota Hotel Casino & Spa d’Atlantic City.

Le trio de jeu est composé de Long Mei Fang et Zong Yang Li, tous deux originaires de Los Angeles, ainsi que de Cheung Yin Sun qui réside à Las Vegas. Bien connue des tables des grands casinos, cette dernière est surnommée « Queen of Sorts » en raison de sa maitrise de la technique dite du « edge sorting ». Ce soir-là, le trio ainsi constitué se rend au Foxwood Casino Resort et dépose 1.600.000$ pour participer à une grosse session de baccara. Au terme de la partie, le trio réussit un bénéfice d’un peu plus de 1.100.000$. Seulement, au moment de percevoir leur dû à la caisse (soit 2.700.000 $), l’administration du casino les déboute pour tricherie. Ni leur mise de départ, ni leurs gains de jeu ne leur seront payés au terme de cette folle soirée.

Face à ces accusations et après plusieurs interrogatoires, les trois joueurs finissent par avouer avoir eu recours à la technique du « edge sorting » qui, selon eux, n’a rien d’illégale mais cette stratégie au baccarat fait grincer des dents les casinotiers. Ils décident donc de porter plainte contre le Foxwoods Casino Resort et réclament une somme estimée à 3.000.000$ comprenant leur dépôt, leurs gains et 300.000$ à titre de dommages et intérêts individuels.

L’inédit imbroglio juridique

Laissée en suspens pendant plus de 3 ans, l’affaire n’a trouvé une issue que récemment. En effet, le lundi 1er juin 2015 un jugement est rendu par la cour du District Fédérale de New Haven. La juge Janet C. Hall en charge de l’affaire déclare alors, contre toute attente, que le procès n’a pas sa raison d’être car les propriétaires du casino, c’est-à-dire les Mashantucket Pequots, détiennent une immunité souveraine en qualité de tribu indienne d’Amérique. A n’y rien comprendre n’est-ce pas ?

Mais ce n’est pas tout ! Il semblerait que les responsables du casino avaient déjà les noms des trois malfaiteurs sur liste noire avant même que ceux-ci ne viennent jouer ce soir-là. L’établissement aurait en effet eu connaissance de leurs méfaits antérieurs à Las Vegas et Atlantic City. En d’autres termes, le casino savait pertinemment, dès le départ, qu’il n’y aurait jamais de rétrocession de fonds à la fin de la partie. Le juge a-t-il seulement tenu compte de ce paramètre avant de délibérer ?

Mais le pire, c’est que quatre mois après les faits, et malgré tout le tapage suscité par cette affaire, le casino du Borgota Hotel s’est fait avoir par les mêmes joueurs, avec la même technique du « edge sorting ».

Au demeurant, la moralité de cette histoire se résume à peu de mots : à malin, malin et demi. Quant à la « Queen of Sorts », c’est sa deuxième « défaite » judiciaire après l’affaire de Londres. Et d’aucuns supputent déjà sur un imminent troisième choc dans l’affaire du Borgota. L’heure de la retraite serait-elle venue pour  Cheung Yin Sun ?